jeudi 31 décembre 2009

A0062 Voeux 2010

Un peu plus de hardware
Beaucoup plus de software
Beaucoup moins de bavardware
Et un peu de bon sens

Bon sens  qui se porte bien dans nos belles provinces, à la lecture récente des deux inscriptions suivantes:

Restaurant du centre de Lille: "Menu végétarien 15 €:  assortiment de légumes, servi avec des frites"

Terrasse d'une Weinstub de Ribeauvillé: "La Salle est à l'Intérieur"

A0061 Bêtisier de Fin d'Année

Un petit bêtisier des systèmes d'information, puisque c'est la tradition de la fin d'année. (On retrouve beaucoup d'autres perles sur le site de Michel Volle)


Un chef de projet: "Excusez moi mais je ne sais plus très bien ce que fait mon projet, depuis le temps que je suis en train de rédiger son plan qualité"

Un très haut fonctionnaire: "Rendez-vous compte que, de nos jours, il existe des programmes informatiques capables de résumer automatiquement "Guerre et Paix" en quatre pages"

Un vendeur de progiciels: "Un bon outil est un outil qui permer de développer un projet dans un temps inférieur au délai entre deux versions incompatibles de l'outil"

Emission télévisée du 11 Février 2009: Lors d'un reportage sur la grande base américaine du Kosovo: "les USA en profitent  pour recruter des gens dans la population locale qui tiendront des emplois subalternes en Irak et Afghanistan: cuisiniers, réparateurs, serveurs, informaticiens"

Un directeur de la stratégie: "L'informatique est de trop bas niveau pour pouvoir être enseignée aux managers et aux décideurs" (NDLR: hélas il a raison, voir paragraphe précédent)

Un directeur informatique: "Nous nous recentrons sur notre cœur de métier ; eh bien, exprimer nos besoins, ce n'est pas notre cœur de métier"

Un intégrateur de systèmes à son client: "Ecoutez, là dedans, il y aura toujours des bugs. Tout ça, ça reste tout de même du logiciel"

Un client (car eux-aussi disent parfois des bêtises) : Je trouve votre logiciel génial, mais, voyez-vous, moi, je n'ai pas le temps de l'utiliser, et mes collaborateurs, eux,  sont trop bêtes pour ça.

Raconté par François Fillon: "Au milieu des années 1990, le président de France Telecom m'a  doctement expliqué qu'Internet était une mode sans lendemain, qui ne tiendrait pas plus de 6 mois"

Un chef de projet: "Il est dangereux de faire des réunions d'expression de besoin avec le client une fois l'affaire signée car alors on sort du périmètre contractuel"

Un client: Ce que vous proposez, c'est impossible à faire. Et quelques phrases plus tard: vous savez, ce que vous proposez, ça existe déjà.

Le dernier de Jacques Attali dans son récent livre sur la crise: "Le Web Sémantique va permettre d'interroger Internet en langage naturel, ce qui va révolutionner la manière de pratiquer   la science, l'éducation et la médécine" (Le problème, c'est que j'ai lu avec intérêt les pages voisines sur la biologie, l'économie et autres domaines dont je ne suis pas spécialiste)

mardi 22 décembre 2009

A0057 Architecte de Systèmes: la leçon phénicienne

L'autre soir, Thalassa nous montrait un architecte naval de l'ile syrienne d'Arwad
Le type nous expliquait que, comme tous ses confrères, il construisait seul des bateaux de 15 à 20 mètres de long, et vite!
On imagine sa cabane de chantier, remplie de  machines et d'écrans qui font tourner Autocad, Computervision ou autres Catia.
Sauf qu'il nous dit:" je vais vite car je n'ai pas de plans: comme ça je ne perds  pas de temps à les regarder. Nous faisons comme ça dans le coin depuis plus de 3000 ans".
Suffisamment décoiffant pour inciter à remonter aux sources!

TeKton, en grec, langue apparue un peu après le phénicien, veut dire travailler le bois, construire des choses en bois  (ça veut dire aussi par glissement du sens,  manigancer, comploter: nobody is perfect)
ArKe, en grec, ça veut dire le premier, celui qui marche en tête, celui qui commande, qui conduit (ça veut dire aussi: le vieux ...)
ArKiteKton, en grec, par combinaison, ça veut dire celui qui maîtrise l'art du menuisier, du charpentier, et qui est capable de commander.
Et ça désigne d'ailleurs de manière privilégiée les architectes navals, manipulateurs de bois par excellence.

Ils avaient bien de la chance, les architectes grecs!
Ils ont bien de la chance, les architectes navals de Arwad!

Plus précisément, à qui feriez-vous le plus confiance pour architecturer votre système d'information?
Au charpentier d'Arwad, ou à un blanc-bec derrière ses écrans de spécifications UML, de simulations BPML, et de design patterns MDE,MDA,SOA ?

Question incorrecte aux yeux des manipulateurs de -langue de- bois? Mais qui invite à nous poser d'autres questions:

Tous ces préliminaires d'abstraction, modélisation, simulation, si d'un côté ils peuvent aider à réfléchir -activité qui se fait rare de nos jours, voir billet A0018- d'un autre côté ne tendent-ils pas à retarder le moment fatal, celui  où il va bien falloir que le système traite de vraies données avec de vrais utilisateurs ?

Napoléon disait:
"A la guerre comme en amour, à la fin, il faut se voir de près"

N'aurait-on pas intérêt à passer moins de temps à contempler en réunion nos schémas sous PowerPoint?

Les spectaculaires retards de certains grands programmes industriels dûs à l'informatique (réseau local du TGV Atlantique en son temps, câbles de l'Airbus A380, contrôle des moteurs de l'A400M) n'ont-ils pas pour partie leur origine dans l'écran  que les ordinateurs dressent entre le virtuel et le réel?

Quelle est la part de l'informatisation quand de très gros projets comme les porte-avions anglais s'éternisent sur des dizaines d'années, alors qu'américains et japonais avaient mis bien moins de temps à concevoir et construire sans ordinateur ceux qui s'affrontèrent dans la bataille de Midway?
Contribution de l'informatique au désarmement, diront certains.

N'y-a-t-il pas une autre manière d'utiliser l'ordinateur,  pour remettre l'homme au travail au pied du mur, plutôt que dresser un mur entre lui et la réalité?
En quelque sorte, utiliser l'ordinateur comme Amplificateur d'Intelligence" de celui qui est au pied du mur.

Et pensons encore une fois aux propos de notre phénicien:

"je vais vite car je n'ai pas de plans: comme ça je ne perds pas de temps à les regarder"

A0056 La Théorie des Deux Trous Noirs

Computing is living for more than 50 years on the very initial -and unsurpassed- paradigm of the Von Neumann machine. The latest key software discoveries date back late 60's. We think that this frozen situation is due to the presence of two "blackholes": the "calculus blackhole" (CBH) and the "litteratus blackhole" (LBH).
Any rising star in the universe is rapidly swallowed by one of them, and cannot settle itself as a viable third place.

CBH reduces every formalism to programming and low level formatting; historically this happened for relational databases, and more recently for XML and now the Semantic Web.
Everything is crunched, normalized, squared off enough to be ingested by the Von Neumann vortex.

In the opposite direction, LBH grasps concepts which escaped the CBH gravity, and secures them in pure human, social deliberation and discourses . This move applied for instance to so-called Knowledge Management, once an attempt to join people and computers, and currently to various parts of "WEB 2.0".

The universe is divided by this "Yalta" ruled by  the "compute" CBH and the "dispute" LBH. Brave attempts to resist -like Artificial Intelligence- are mercilessly blown up.

Litteratus Calculus (Calcul Littéraire) is another attempt to escape this tyranny.


dimanche 20 décembre 2009

A0055 Préservons l'infodiversité menacée par les standards

De même qu'il faut lutter contre le réchauffement sémantique (billet A0045), il faut préserver l'infodiversité.
Le grand ennemi de l'infodiversité, ce sont les standards.

Le mot "standard" vient de "étendard".
Un standard, on le suit aveuglément, tel le chevalier aux yeux rivés sur l'oriflamme de son seigneur sur le champ de bataille. Pas facile en même temps de surveiller  là  où le destrier pose  ses sabots, ni de scruter l'horizon.

On commence par des standards de codage de l'information, -assez légitimes, encore qu'il faille leur préférer le langage naturel, voir billet A0047- puis on passe vite aux  standards de programmation, puis aux standards de conception, puis aux standards d'architecture.
Et  tout le monde fait tout pareil.

Le management conclut rationnellement  qu'il vaut mieux utiliser ce que les autres ont déjà fait, puisqu'il n'y a rien de mieux à faire que de faire pareil.
On perd vite tout esprit critique, toute capacité à faire, et finalement toute capacité à juger de la qualité de ce que l'on réutilise chez les autres, au demeurant de plus en plus rares.

Même les chercheurs en sont paralysés: il n'osent plus la moindre nouveauté, de peur de sortir des traces de sabots de leurs prédécesseurs immédiats, et de se hasarder sur des chemins inexplorés où aucune agence d'évaluation ne les attend.
Leur seule perspective de changement est l'apparition de nouveaux standards, à la poursuite desquels ils pourront chevaucher à nouveau leurs dadas favoris.

Heureusement, les directions marketing des grands éditeurs de logiciel veillent: quand, après quelques années, un standard ne rapporte plus assez, quand les escadrons suiveurs s'enlisent ou tournent en rond, elles font apparaître un beau matin  au sommet de la colline un nouveau bout de tissu aux reflets chatoyants, brillant de mille feux sous les premièrs rayons du soleil levant.

Notons au passage que "Infodiversité" est un diamant sémantique (voir le billet A0051), qui m'a permis par exemple de découvrir le site Geoweb.

samedi 5 décembre 2009

A0054 Invention Innovation

L'innovation, c'est quand vous faites quelque chose que vous n'avez jamais fait.

L'invention, c'est quand vous faites quelque chose que personne n'a jamais fait.

A0053 Chercheur, Ingénieur, Manager: des risques partagés

L'ingénieur a le devoir de réussir, donc il a le droit d'être prudent.

Le chercheur a le droit d'échouer, donc il a le devoir de prendre des risques.

Le manager a le droit de refuser une idée nouvelle, donc il a le devoir d'en susciter sans cesse chez ses collaborateurs.

A0052 Client Riche

Le problème n'est pas qu'il y ait trop d'informations inutiles sur le web.
Le problême,  c'est qu'il y ait trop d'informations utiles.

mardi 1 décembre 2009

A0051 Diamant Sémantique

Découvrez la théorie - n'ayons pas peur des mots !- des Diamants Sémantiques.

C'est une manière extraordinairement puissante de trouver des choses passionnantes sur le Web via Google, Yahoo, Bing et autres moteurs de recherche.
Comme d'habitude, c'est une application de la stratégie du "faire radicalement autrement".

Un diamant sémantique vous permet de trouver des choses qui vont littéralement vous captiver, et qui en plus seront toutes contenues dans des réponses qui se limitent à une seule ou quelques pages.

La méthode classique est de réfléchir aux bons mots-clés qui définiraient au mieux votre sujet. Des mots en général ... généraux, dont le sens serait partagé par tout le monde, en quelque sorte les "coordonnées universelles" de ce que vous cherchez.
Le problème, c'est que, si vous en mettez peu, vous trouvez trop de réponses, et si vous en mettez beaucoup, les moteurs ne trouvent rien - Google en particulier.

Un diamant sémantique est au contraire quelque chose de pas du tout général, quelque chose de très singulier, qui vous est très propre. Comment ça marche ?

Quand vous pensez à quelque chose, il faut que vous arriviez à le décrire en un seul mot ou plus souvent en quelques mots de la manière la plus originale possible.  Il s'agit de faire oeuvre de création poétique, d'imaginer des appariements étranges, des oxymores, des néologismes, des slogans inédits.

Ca n'est pas facile et pas donné à tout le monde et à tous les instants, bien sûr, mais vous ne voudriez tout de même pas qu'il soit facile de découvrir des choses captivantes.

Un diamant sémantique est la manière la plus personnelle, la plus originale de caractériser ce à quoi vous pensez,  une idée, un concept qui a surgi en vous.

Une fois que vous tenez ce diamant, vous le posez comme requête à un moteur de recherche "entre quotes" bien sûr, pour augmenter encore sa dureté et sa pureté.

Et là de deux choses l'une: ou bien il n'y a aucune réponse ou beaucoup trop, ou bien il y a quelques petites dizaines de réponses. Dans ce dernier cas, oh merveille, vous découvrez des trésors dans ces quelques pages:  des gens dont vous vous dites: "il faut que je les contacte sur le champ", des livres que vous vous empressez de commander,  des blogs que vous rèveriez d'avoir écrits, des personnes que vous n'avez pas vues depuis 30 ans et qui vous avaient laissé un grand souvenir.

J'utilise régulièrement les diamants sémantiques dans mes activités d'ingénieur et de chercheur. Et régulièrement -c'est à dire plusieurs fois par an, pas plus, sinon ce ne seraient plus des diamants- j'établis ainsi des connexions étincelantes.

Voici deux exemples parmi quelques dizaines:

géométrie littéraire

interstitial knowledge

Laissez en commentaires quelques-uns de vos diamants, si vous vous y mettez!

N.B. Bien sûr, s'il n'y a aucune réponse à votre diamant sémantique, déposez-le  quelque part sur le Web (comme ici sur blogger par exemple qui est indexé parfois en quelques secondes par Google), afin qu'un jour un autre tailleur de  diamants sémantiques vous retrouve.

Et transformons ainsi les ternes  réseaux sociaux en rivières de diamants.