samedi 27 novembre 2010

A0133 High-Tech: le désert français

Les "jeunes entreprises innovantes" protestent contre le projet de suppression de l'exonération des cotisations sociales pour leurs employés chercheurs. (Le Figaro du 26 Novembre 2010).
"Puisque c'est ça, nous devrons délocaliser nos recherches à Taïwan!" menace un dirigeant de la boîte de robotique Aldebaran.

Si on résume:

-- les chercheurs français trouvent qu'ils sont trop mal payés et partent aux USA pour gagner plus 

-- les sociétés High-Tech françaises trouvent que leurs employés sont trop bien payés et partent en Asie pour payer moins

Comme ça, tout le monde il est content!

Mais que va-t-il nous rester en France ? L'article nous donne peut-être la solution, en précisant que le personnel de Aldebaran est composé de chercheurs, d'ingénieurs et de polytechniciens (sic).
Les ontologies, ça me surprendra toujours.

Les chercheurs et les ingénieurs, on a compris où on pourra les trouver. Mais les polytechniciens?
En France il nous restera le face à face des robots et de leurs polytechniciens.

A0132 Noter c'est apprendre

Des gens illustres pétitionnent contre les notes à l'école primaire. Ils tiennent par ailleurs leur lustre de leurs brillantes notes passées.

Il m'avait toujours semblé que, lorsque j'étais en train d'apprendre quelque chose d'un maître, ce maître était plus capable que moi de dire si j'avais ou non appris la chose.
Car si je suis de moi-même capable de savoir si j'ai appris ou non, ça veut dire que je sais déjà, donc que je n'ai pas besoin d'apprendre.
Comment savoir que j'ai appris si personne de plus savant que moi ne me le dit? (cette "personne" pouvant aussi bien être un instituteur qu'une table de multiplication)

Et dire si quelque chose est appris ou non, j'appellerais volontiers ça noter.  J'ai toujours compris que les notes servaient à ça.
Comme ça il y a deux notes: 0 ou 1. Pas appris, appris.
Bon, mais les antinotes vont me dire: voilà qui est bien brutal, bien manichéen, bien peu nuancé. Dans ce cas, noter de 0 à 10 ou de 0 à 20 serait un progrès.

Mais revenons comme toujours aux origines.
Note vient du latin nosco, qui vient du grec gignosco, qui, évidemment, veut dire ... apprendre!

Noter, c'est apprendre, je vous l'apprends peut-être.

Apprendre à apprendre, ça se discute, mais apprendre que l'on a appris, ça ne se discute pas!
Je serais écolier, je manifesterais pour le droit à être noté.

lundi 22 novembre 2010

A0131 Complexité et Pluridisciplinarité

Inspiré par la lecture d'un projet réunissant une douzaine de partenaires.

Ce n'est pas parce qu'un problème est jugé complexe qu'il lui faut toujours une solution pluridisciplinaire.

Au contraire, c'est souvent parce qu'un problème est jugé pluridisciplinaire qu'il lui faut une solution complexe.

Une solution complexe peut par exemple consister à:

-- créer une nouvelle discipline
-- supprimer une discipline
-- fusionner deux disciplines

La pluridisciplinarité n'est que paresse intellectuelle quand elle consiste à balkaniser le problème, à le partager entre diverses puissances régnantes.

La solution à un problème pluridisciplinaire doit parfois consister à dissoudre les disciplines.
"Solution" vient du latin "luo" qui veut dire "dénouer, desserrer les liens" (ça a donné le mot "loutre", animal aux dents tranchantes)

Pour résoudre un problème pluridisciplinaire il faut monter une équipe complexe, dont la gouvernance n'épouse pas les contours des disciplines.

vendredi 19 novembre 2010

A0130 Guide de valorisation de l'innovation

Si vous avez une idée:

-faites-en un produit
-si vous n'arrivez pas à en faire un produit, vendez-la
-si vous n'arrivez pas à la vendre, faites-en un brevet
-si vous n'arrivez pas à en faire un brevet, faites-en un standard
-si vous n'arrivez pas à en faire un standard, faites-en un air de pipeau

dimanche 14 novembre 2010

A0129 Leçon d'entreprenariat

Vous voyez des grandes entreprises qui font beaucoup d'argent en vendant un produit ringard à de grands clients.
Vous, vous avez un truc génial, qui fait mieux pour moins cher dans tous les domaines.
Vous vous précipitez chez les grandes entreprises et chez les grands clients, en espérant le jackpot.
Vous n'avez rien compris.

vendredi 12 novembre 2010

A0128 C'est trop compliqué!

Dans la même journée, entendu les deux réactions d'étudiants suivantes:

-- c'est trop compliqué à comprendre!

-- c'est trop compliqué à faire!

Beau défi pédagogique.

Auquel il ne faut surtout pas répondre par: "mais non, ce n'est pas trop compliqué, c'est très simple, regardez".
Surtout si vous arrivez vraiment à simplifier.
Car alors à la prochaine occasion, vous aurez encore la même réaction: "Monsieur, c'est trop compliqué, veuillez simplifier"

Ce qu'il faut enseigner c'est: quand c'est compliqué, c'est une chance, une occasion de vraiment comprendre, de vraiment faire.

La citation suivante (de Kierkegaard pour certains, de Montaigne ou Simone Weil pour d'autres -c'est compliqué):

le chemin n'est pas difficile, mais "difficile" "est" le chemin

dit exactement ça:  c'est la difficulté qui ouvre le voie, qui fait avancer.

Le défi pédagogique est de faire passer de:

"c'est compliqué donc j'arrête" à "c'est compliqué donc je continue"

De nos jours, relever ce défi est assez ... compliqué. Chic alors!

En effet, face à l'obstacle  "c'est compliqué à comprendre", la voie de contournement est "j'applique une méthode". (sous-entendu sans réfléchir)

Et face à l'obstacle "c'est compliqué à faire", la voie de contournement est "je réutilise" (sous entendu quelque chose de déjà fait)

Et les étudiants ont un talent particulier pour se précipiter vers ces voies rapides.

Mais comment le  leur reprocher puisque "appliquer des méthodes" et "réutiliser l'existant" sont des slogans, voire des religions professés sans relâche dans les entreprises ?

L'étymologie nous apporte des solutions:

"Ecole" vient du grec "skole"  qui veut dire "prendre son temps"

Compliqué vient du grec "pleko" qui veut dire "tresser  de l'osier"

Et un un panier d'osier est quelque chose qui "se tient" parce qu'il est compliqué, parce qu'il est fait avec des "plis".

Ce qui est "simple", c'est ce qui est "sans plis", et ce qui est sans plis  ne tient pas debout.

Les étudiants doivent être placés dans des conditions où ils peuvent prendre leur temps pour faire des plis, et en particulier se faire des plis au cerveau.

Et pour bien nous mettre ça dans la tête, "se faire des plis au cerveau" ça se dit "réfléchir" via "flexo" qui est une déformation  de "plexo" qui vient de "pleko".

Quand c'est compliqué, il faut réfléchir.

Nota Bene: pour ne pas compliquer les choses, on n'a pas expliqué ici  la distinction ici entre compliqué et complexe, mais elle est évidemment implicite.

samedi 6 novembre 2010

A0127 L'art à l'usine

Beaucoup de grandes entreprises rêvent depuis des années de  construire une "usine logicielle".

Et la dernière mode dans cette direction consiste à orchestrer des services.

Va y avoir des couacs dans les ateliers!

Mais peut-être pas: beaucoup des meilleurs informaticiens que je connais sont aussi de super musiciens.

vendredi 5 novembre 2010

A0126 A la recherche de l'intelligence artificielle

Je reçois la délicieuse coquille suivante:

A l'image de l'industrie et autres domaines, on trouve de l'IA "enfuie" dans des enseignements universitaires un peu partout.

Remarquez que s'enfouir, c'est aussi une manière de s'enfuir, comme dirait l'autruche.


A ce propos, l'autruche c'est ou ce n'est pas un oiseau ? (réservé aux initiés, s'il en reste)


PS: sur le fond je ne suis pas du tout d'accord avec l'assertion que l'on serine -encore un oiseau-  depuis des années,  selon laquelle on ne voit plus l'IA car elle se cache partout. Je crois effectivement que l'IA s'est enfuie. La question est de savoir de quoi a-t-elle eu si peur.

mercredi 3 novembre 2010

A0125 Stratégie de Lisbonne

Lors d’une discussion difficile dans un grand projet européen , le président de séance finit par conclure : "Pour mieux avancer, n'utilisons pas le mot connaissances". Ce type a dû faire une belle carrière.

A0124 Il n'y a pas de marché de l'intelligence

Pourquoi personne n'utilise de système intelligent:

Parce que ce que l'on sait bien faire, on ne veut pas qu'une machine le fasse moins bien que nous

Parce que ce que l'on sait mal faire, on ne veut pas qu'un système intelligent le fasse mieux que nous